Légendes pour les photos de l'Amérique
Les photos ont été prises par Shigeko Hirakawa lors de ses séjours à
New York en 2003. La Médiathèque Louis Aragon de la ville de
Choisy-le-Roi a
organisé l'exposition "Photos de l'Amérique - New York,
multidivers-cité" en 2008.
Vue de
l’intérieur
du taxi jaune
A l’aéroport JFK de New-York, j’ai fait la queue pour prendre un taxi
jaune de façon à éviter les taxis pirates, suivant ainsi l’instruction
du guide que j’avais obtenu avant de mon arrivée. Le soleil de
septembre brulait sur l'autoroute qui nous amenait à Manhattan. Cela me
semblait un autoroute banale comme on en trouverait n’importe où et qui
n’était pas spécialement américain. Seuls les panneaux routiers en
américain me disaient que c’était un autre pays.
Bâtiment
vert de l’Université de Pennsylvania
J’ai été accueillie par le professeur en chef du
département des Arts à l’Université de Pennsylvania à Philadelphie.
C’est un japonais qui vit et travaille aux États-Unis depuis les années
soixante. Il m’a expliqué que l’Université de Pennsylvania avait été
fondé par Benjamin Franklin au 18ème siècle et qu’elle proclame être la
première université des États-Unis. Il m’a aussi dit qu’elle était
l’une des universités dont les frais scolaires sont les plus élevés
(environ 30000 dollars par an ). Derrière la statue en bronze de
Benjamin Franklin (1706 – 1790; considéré comme l’un des fondateurs des
États-Unis ), s'étend le grand bâtiment en pierre verte du 19ème siècle
nommé « College Hall ». On y trouve les bureaux de l’administration, le
cabinet du Directeur de l’Université ainsi que des salles de classe
pour les étudiants. La couleur de la pierre verte donne une ambiance
extraordinaire. Je me croyais dans un pays de conte de fée.
Bâtiment rouge de l’Université de Pennsylvania
La cité universitaire est très vaste et rassemble de nombreux bâtiments
en un mélange de style moderne et ancien. La bibliothèque appelée
Furness Library ou simplement Fine Arts Library (Bibliothèque des
Beaux-Arts) de l’Université de Pennsylvania a été construite à la fin
du 19ème siècle. Une grande partie de ce bâtiment est consacré à la
bibliothèque. Dans le coin, sur le côté du bâtiment du département des
Beaux-Arts, au delà de la rue, se trouve la salle d’exposition où j’ai
admiré l'exposition d’un architecte américain. C'est le pigment du
Mexique brun rosâtre nommé « terra rosa » qui ressemblerait le plus à
la couleur de ce bâtiment construit dans le style d'un château fort.
Cette forme très imposante avec sa couleur chaude ajoute à l'ambiance
extraordinaire du campus. Le College Hall vert est presque en face. La
combinaison des deux couleurs de la bibliothèque terra rosa et du
College Hall vert me frappe fortement.
Statue
d’indien / Musée de la cité universitaire de l’Université de Pensylvania
La cité universitaire de l’Université de
Pennsylvanie est vaste et organisée comme une petite ville autonome. En
plus des bâtiments universitaires et de l’énorme stade d’Ivy League,
elle contient de nombreuses boutiques, cafés, bouquineries, et même un
centre d’art contemporain qui était fermé le jour de ma visite. Près de
l’entrée de la cité se situe un grand musée des beaux-arts et de
l’histoire en brique rouge. Sur les montants de deux portes, j’ai
remarqué les statues d’amérindiens en pierre, un sorcier avec un masque
d’animal et une jeune femme coiffée de plumes. J'ignorais depuis quand
elles étaient là, et j'imaginais qu’elles représentaient probablement
une expression du respect envers les peuples américains
d'origine.
Manhattan
du haut de l’Empire State Building
Tout Manhattan est visible du haut de l’Empire State Building. La
visite du toit est payante et bien organisée. On ne risque pas de se
perdre dans cet énorme bâtiment. Du haut de ce toit les taxis jaunes
sont plus petits que des fourmis. On voit surtout les gratte-ciels se
comparer en hauteur et en forme sur l’horizon entouré d'eau. La vue
panoramique était aussi surprenante que je l’avais imaginé. Vers le
sud, une masse de gratte-ciels se dressait sous l'ombre de nuages qui
passaient. J’ai pensé que c’était là où se trouvait « Ground Zero ». Je
n’avais jamais vu la ville avec les deux tours, sauf en photo. Mais
pour la première fois cette vue réelle de Manhattan m’a fait imaginer
le sentiment des habitants de la ville face à l’absence brutale de
bâtiments si imposants de leur environnement.
Au
Queens Museum au
sous-sol, j’ai vu une grande maquette architecturale de Manhattan qui
montrait toujours les deux tours. La conservatrice adjointe du Muséum
est une jeune japonaise, elle m’a fait visiter le Musée.
Crysler
Building
Je fréquentais la bibliothèque de la ville de New-York où se trouvait
une salle pleine d’ordinateurs. Ils étaient vieux et leur utilisation
pendant trente minutes était gratuite. Il fallait parfois attendre
longtemps son tour. Ce que j’ai aimé, c’était plutôt l’ambience
générale, les alignements des mots américains sur livres rangés sur les
rayons de cette bibliothèque et également le quartier de la
bibliothèque. Depuis la sortie située sur la rue « 42ème
street » on voit le Chrysler Building. Il me paraît le plus
beau bâtiment de New-York, à tel point que mon regard s’y attache
automatiquement chaque fois que je passe à cet endroit de la rue. En
avançant vers ce batiment on arrive à la gare Grand Central construite
au début du 20ème siècle.
Sculpture
/ Bouton et aiguille
En plein cœur de Manhattan, une aiguille et un bouton, qui sont tous
deux de proportions gigantesques, m’ont rappelé la sculpture
d’Oldenberg en forme de bouton blanc géant cassé en deux qui est
installée en face de la statue de Benjamin Flanklin, dans le domaine de
l’Université de Pennsylvania à Philadelphie. Je les ai photographié par
habitude de photographier des sculptures dans les rues. Ici son oeuvre
« l’aiguille et le bouton » jouent le rôle d’un panneau publicitaire
pour le Fashion Street (l’avenue de la mode) .
Times
Square
Lorsque les touristes viennent à New-York, ils passent tous à Times
Square et se photographient dans cet environnement. De grands écrans
publicitaires changent d’images chaque seconde. Les images gravées sur
la pellicule quelques secondes auparavant ne sont déjà plus à l'image
du moment suivant. Des gens y passent, mais ce ne sont plus les mêmes.
A Times Square, rien n’est figé, tout bouge; tel est Times
Square.
Arman
devant un tableau d’Andy Warhol
J’ai téléphoné à Arman en son absence et Madame Arman m’a répondu. D’un
ton désolé elle m’a dit de lui téléphoner à nouveau le lendemain pour
prendre connaissance du moment convenable pour une visite. Mais le
lendemain c’est elle qui m’a rappelé à onze heures du matin pour me
dire de venir la semaine suivante à l'atelier d'Arman de l’avenue
Washingon. Arman était l'un des artistes biculturels importants que je
voulais interviewer. L’esprit ouvert du couple était tellement étonnant
pour moi : quelques minutes d'un coup de téléphone m’avait permis
d’avoir un RDV avec Arman.
« Je suis venu à New-York pour un grand événement du Nouveau Réalisme
en 1960 et j’ai pris la citoyenneté américaine l’année suivante.
Au
service de l’immigration on m’a demandé quel serait mon nom américain
et on m’a posé une question. ‘ Quel est votre nom ? ‘ J'ai répondu ‘
Arman ’. Ensuite, ‘ quel est votre prénom ? ‘ Et j’ai dit ‘ Arman ‘. »
Armand-Pierre Fernandez s’est ainsi fait nommer ‘ Arman Arman ’ à la
porte des Etats-Unis.
« Pourquoi avez-vous décidé de rester à New-York
? »
« J’ai vu que c’était une ville qui bougeait beaucoup et j’ai pensé que
je pourrais y travailler mieux. Par exemple, si j’avais envie de faire
une œuvre avec cent lavabos en France, on me dirait : ‘ Monsieur, pour
rassembler une centaine de lavabos, il faudra deux mois et demi ‘.
Alors qu’ici, à New-York, on me livre cent lavabos en quarante-huit
heures. » L’artiste des œuvres de l'Accumulation du Nouveau Réalisme
avait besoin d'une réelle société de production de masse.
« Est-ce que
vous avez été bien accueilli par New-York ? »
« Oui, je pense. Mais il y avait beaucoup d’artistes américains à
l’époque. Entre autres Marc Rothko ne m’aimait pas et il ne me parlait
même pas. J’étais très jeune, vous voyez .... ? »
Caserne de
pompier
Je suis allée voir Cai Guo Quiang, un des précurseurs importants de
l’art chinois contemporains, un artiste d’origine chinoise qui
travaille internationalement. Il a vécu dix ans au Japon, puis il est
venu à New-York en 1996 et c'est comme s’il avait été absorbé par ce
pays. Quand je lui ai téléphoné, il m’a dit qu’il serait occupé en
déplacement la semaine suivante, et que ce serait bien de se voir
plutôt avant qu’après. J’ai été invitée chez lui le lendemain soir de
mon appel téléphonique. « Mon atelier est situé à côté d’une caserne de
pompier. » La caserne en question était très curieuse et belle, d’un
style probablement chinois. L’étrangeté du bâtiment m’a fait sortir
l’appareil photo. J’ai précipitamment appuyé le bouton, sans réglage, à
la tombée de la nuit.
Brooklyn
Bridge
Brooklyn Bridge, est un fameux pont qui enjambe l’East River et relie
Manhattan et Brooklyn. Quand j'ai voulu le traverser, la vue de cette
hauteur m’a fait imaginer l’angle de vue du tableau de Robert Delaunay
qui montrait un espace sectionné en morceaux du style cubiste. En effet
les nombreux câbles tendus du pont sectionnaient l’espace. Le vieux
pont est construit en bois. A travers l’espace entre les bastings de
bois, le passant voit l’eau de l’East River sous ses pieds. A ce
moment-là on se rend compte qu’on est vraiment très haut.
East River vu du Brooklyn Bridge
Sculpture
détruite le 11
septembre
Dans le parc du port d’où partent les bateaux à destination de l’ile de
Steton, j’ai trouvé une boule de métal entourée de petits drapeaux
américains et des fleurs. Cela avait été une sculpture placée aux pieds
des deux tours du World Trade Center. Lors de l'attaque du 11 septembre
cette sculpture a été détruite. On l’a retrouvée puis placée dans ce
parc.
Art Public
dans la place du Rockfeller Center
J’ai photographié des sculptures dans les villes de Washington D.C., de
Philadelphie et de New-Nork. Je voulais voir comment elles
s'intégraient dans des villes aux gratte-ciels démesurés. La Fondation
d’Art Public de New-York organisait deux expositions temporaires en
pleine ville, l’une était celle de la photo, sur la place du Rockfeller
Center. L’exposition de Murakami, artiste japonais occupait toute la
place avec des bulles en l’air. Je supposais que les petits drapeaux
dressés partout au sol étaient le décor du Centre et ne feraient pas
partie de l’installation de l’artiste. De septembre à décembre, je suis
passée souvent sur la place du Rockfeller Center. Chaque mois, le décor
qui changeait complètement attirait beaucoup de monde et la place était
pleine de touristes.
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