Shigeko Hirakawa

Texte de Shigeko Hirakawa, juin 2004

Système Solaire 2004 - L'univers est-il rempli de vide ?

« Système Solaire 2004 - L’univers est-il rempli de vide ? » On peut lire que la préhistoire du cosmos était un univers primitif froid et sombre, parcouru d’ondes désordonnées comme un océan agité. La superposition d’ondes crée une condensation localisée suivi d'un effondrement gravitationnel. Cette force mouvementée crée des bulles de pré Big-Bang. Une de ces bulles connaît alors un Big Bang, une phase de transition d’un univers froid vers un univers extrêmement chaud. C'est l’énergie produite lors de cette phase de transition qui aurait permis à la matière de naître et à l'univers de connaître une expansion régulière continue pendant 15 milliards d’année. Dans cette théorie, il y aurait d’autres bulles, à l’infini, en dehors de la bulle qui aurait engendré notre univers. De plus, notre espace, dont la dimension est déjà démesurée, contient de nombreux trous noirs qui pourraient donner naissance à de nouveaux univers. Des univers qui auraient eux-mêmes une descendance cosmique. Ces concepts conduisent notre imagination vers des univers parallèles, où nous existerions aussi dans d'autres dimensions, comme en décrit la science fiction.

Notre imagination sur la nature de l'univers se déploie aussi largement que l'univers en expansion... et en complet contraste avec la réalité de l’exploration spatiale dynamique, qui n'a pas encore dépassé la planète Mars. On sait que notre système solaire compte 9 planètes qui totalisent 60 lunes... et en réalité les scientifiques ne sont pas sûrs de ces chiffres et sont encore en train de découvrir le système solaire, mais sans pouvoir quitter la terre...
 
A Mellé, suivant le thème de l’exposition en 2004, en partant de l’idée de l’espace, j’ai conçu une oeuvre intitulée « Système Solaire » qui s'étend autour de l’étang et sur l'étang. C’est une mise en forme du concept des bulles de pré Big-Bang de la préhistoire de cosmos. Comme dans la préhistoire du cosmos, tout commence par l'apparition de bulles. A partir du moment où l’enveloppe de la bulle s’est constituée, l’isolation par rapport au monde extérieur favorise l'apparition d'autre chose. Ici, les bulles sont remplies d’air, et l’air est rendu visible par sa nouvelle peau de plastique. Selon le titre de cette installation, l’emplacement des bulles simule la configuration des planètes dans notre système solaire. Le diamètre du soleil fait 14 millions de kilomètres; la distance entre le soleil et le Pluton est de 5900 millions de kilomètres; Pluton fait le tour du soleil en 248 années terrestres. Cette démesure est indirectement suggérée par la place que l'installation « Système Solaire » occupe, avec le visiteur, à l'intérieur du vrai système solaire. Et de là, elle réagit à l'influence du notre soleil lointain et gigantesque : parmi les petites lunes flottant sur l’eau, certaines se chargent de l’énergie des rayons solaires pendant la journée et brillent dans l’obscurité nocturne. De nuit, en parcourant l'installation, cherchez ces lunes flottantes du faisceau de votre lampe torche. En éteignant votre torche, vous les trouverez plus brillantes. Même la faible lumière d'une lampe torche dégage suffisamment d'énergie pour activer autre chose.

Coupée du cycle de renouvellement de l'air atmosphérique par sa peau de plastique, chaque bulle est remplie d’air, une matière invisible et indispensable à notre vie. Selon des chercheurs australiens qui ont effectué leurs calculs à partir de trente sites dans le monde, le gaz carbonique (à puissant effet de serre) relâché dans l’atmosphère l’an dernier est en augmentation de 40%. Si l'on ignorait ce chiffre inquiétant, la gravité de cette évolution passerait inaperçue car l'air est invisible.

Dans ce beau lieu de Mellé, en arrêt devant des planètes et des lunes comme remplies du vide de l'espace, donnons-nous un petit moment pour penser l’invisible qui partout nous entoure.

Shigeko Hirakawa
juin 2004